lundi 15 novembre 2010

En voiture

J’ai constamment remis à plus tard cette première sortie sur la route à Chicago. Je dois avouer que ma principale appréhension, outre la vague crainte de me perdre (je n’ai ni GPS ni carte routière de la région), est d’enfreindre je ne sais quelle règle locale du code de la route, de me faire arrêter par les flics, et de devoir payer une amende salée ou pire : de ne pas avoir les bonnes pièces d’identité sur moi (je n’ai que mon permis de conduire québécois dans mon portefeuille) et de me retrouver en taule. Vous dire que j’ai un préjugé défavorable envers les forces de l’ordre américaines serait pécher par euphémisme. Mais j’avais fait plusieurs démarches pour devenir membre de Zipcar et je ne voulais pas perdre les 50$ de crédit promotionnel que j’avais et qui allaient expirer. Sans parler qu’il fallait que je retourne certains articles chez Ikéa (prononcé « Aïe-ki-a » ici) avant les 3 mois fatidiques. Notamment des étagères dont le modèle ne me convenait pas.

Zipcar est un service d’autopartage (ou, si vous préférez, de « voiture à la demande ») similaire à Communauto (dont j’étais et suis toujours membre à Montréal), mais plus avancé technologiquement. La carte de membre vous sert à vous identifier auprès du véhicule, qui s’ouvre tout seul pour vous si vous êtes dans la plage horaire durant laquelle vous avez réservé le véhicule (les clés sont attachées au tableau de bord). Contrairement à Communauto, qui ne vous offre pratiquement que des Toyota Yaris, Zipcar a un parc diversifié : ça va de la Mazda 3 à la BMW en passant par le SUV. Mais bien sur, si vous optez pour la BM, ou si vous n’avez pas le choix parce que c’est la seule voiture disponible près de chez vous, ça va vous coûter pas mal plus cher que pour une Mazda! Il y a plusieurs services du même genre à Chicago, notamment I-GO, à but non lucratif. Mais j’ai opté pour celui qui me semblait le plus développé, le plus simple à utiliser, et aussi le moins cher : 7$ de l’heure, mais avec 180 km inclus par jour. Peut-être aussi ai-je craqué (inconsciemment) quand j’ai remarqué qu’ils avaient des Mazda 3 « hatchback », car je m'ennuie de mon ancienne voiture... il se trouve aussi que ce sont les moins chères. Chaque voiture a son petit nom, et la « mienne », une Mazda 3 bleu métallisé, s’appelle Margate et « dort » à deux pas de chez moi, dans le stationnement sous-terrain d’une tour donnant sur le front de lac.

Profitant d'un temps splendide, muni de mon itinéraire Google Maps, me voici sur la route, en direction de l’un des deux magasins Ikéa de la région de Chicago. Selon Google, il me faut prévoir de 45 à 55 minutes, en fonction de la circulation, pour parcourir la cinquantaine de kilomètres jusqu’à Schaumburg. Cela aura pris effectivement près de 55 minutes à l'aller, et ce, malgré une bonne portion d'autoroute! Une fois arrivé, premier constat : Ikéa USA ne conçoit pas vraiment qu’on aille « magasiner » chez eux tout seul. Je ne sais pas si c’est ainsi dans tous les Ikéa américains (ce n’est pas le cas à Montréal en tout cas), mais il vous est impossible de sortir les chariots (ou carosses, ou caddies comme vous voulez) d’un strict périmètre appelé « zone de chargement », pour l’amener jusqu’à l’endroit où est garée votre voiture. Vous devez obligatoirement amener votre véhicule dans cette zone, où vous ne pouvez bien sûr pas le laisser. Donc ça veut dire que si vous êtes tout seul, vous devez forcément laisser vos achats sans surveillance le temps d’aller chercher la voiture!

Je passe sur la course contre la montre dans le magasin savamment organisé pour vous égarer. Chez Ikéa l’espace-temps est dilaté (ou contracté) : vous pensez y passer 1 heure, et vous en ressortez 2, 3 heures après. Je constate, horrifié, qu’il me reste 45 minutes pour rapporter la voiture. Tout de suite en sortant du parking, je vois ce qui me semble être mon autoroute. Génial! Après tout, il arrive souvent que les entrées et sorties ne soient pas tout à fait au même niveau dans les deux sens. Prudemment, je m’engage sur ce qui semble être la bretelle d’accès ou voie de service, et un peu plus loin je vois effectivement le panneau  « Interstate 90 » ; je me dis que c’est bon. Puis j’aperçois un panneau avec une flèche vers la gauche et l’indication :

  NORTH
90 

Alors comme je sais que je vais vers le Sud-Est, je continue tout droit, me disant que par défaut, ma voie s’engage sur l’autoroute en direction Sud. ERREUR! En continuant tout droit je me suis retrouvé sur une toute autre autoroute (la 290, pas du tout indiquée jusque-là!). Je n’avais pas saisi que l’indication « NORTH » voulait dire que, si je voulais rebrousser chemin (donc aller vers le Nord), c’était par là que je pouvais le faire... le « 90 » indiquant simplement l’autouroute, toutes directions. Bien sûr, j’aurais dû me douter que quelque chose n’allait pas, puisque l’autoroute 90 va soit vers l’Ouest, soit vers l’Est. Avouez que ça peut être « mêlant ». Du coup, je me rends compte que je suis trop juste pour remettre le véhicule dans les délais. (J’ai une impression de déjà-vu en tapant ceci car c’est presque le même scénario que lors de ma première visite chez Ikéa ici, avec le camion loué par S.). J’appelle donc Zipcar pour prolonger ma réservation, mais le véhicule est déjà réservé. Et pour ne rien arranger, c’est vendredi après-midi et à 14h30 déjà, ça bouchonne sur l’autoroute vers Chicago. Et vlan! 50 dollars de frais de retard...  soit le montant du crédit.

Et la chute de cette « histoire de char » assommante ? J’ai trouvé les étagères que je voulais. Chacune pèse ses 45 livres, à monter au 3e étage. Une fois chez moi, bien décidé à en finir avec cette installation qui s'éternise, je commence à défaire l'emballage... pour m'apercevoir que je n'ai pas pris la bonne couleur! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire