dimanche 12 décembre 2010

Recyclage

Une bonne vingtaine de « colleges » et universités sont recensés sur le plan gratuit de Chicago que vous remet la CTA. Certains campus se trouvent en fait dans la banlieue adjacente, comme celui de la très cossue Northwestern University, où j'ai participé il y a quelque temps à une conférence, et qui est située dans un secteur chic d'Evanston, une municipalité au Nord-Est de Chicago, à l’Est de de Skokie, près du lac.

En reprenant le chemin du « L », ce soir-là, j'ai réalisé que c'était la première fois que je participais seul à un colloque en anglais, sans connaître personne, qui plus est avec des gens assez éloignés de ma discipline : des historiens, des bibliothécaires, etc. Pas évident donc. Mais ce qui m'a aidé, c'est que la plupart des gens ne se connaissaient pas non plus, si bien que lorsqu'est venu le moment de former des groupes pour aller luncher dans un resto des environs, chacun s'efforçait d'engager la conversation avec les autres. C'est au restaurant où notre petite bande a échoué (chez Lulu's, un restaurant de dim sum et de cuisine « panasiatique »), que j'ai remarqué la proportion élevée, sur la table, de mains portant l'anneau (et il n'y avait pas d'ingénieur...). J'ai repensé à cet épisode presque comique où K. essayait d'estimer mon âge notamment en se basant sur le fait que je n'étais pas marié... alors qu'il ignorait encore de quel bois je me chauffais.

Pour en revenir à Evanston, c’est probablement la ville la plus riche du comté de Cook. On peut dire que c'est le Westmount de Chicago, et le taux de professions dites « supérieures » y est particulièrement élevé. C'est d'ailleurs là qu'habite S., mon superviseur, qui m'a hébergé quelques jours le temps que je trouve un appartement. Paradoxalement, c’est aussi à Evanston, sur Chicago Avenue, que j’ai trouvé le plus de thrift stores, magasins de brocante et friperies. C’est d’ailleurs dans un magasin de l’Armée du Salut que j’ai trouvé ma table de cuisine. Cette apparente contradiction peut s’expliquer notamment par la proportion élevée d’intellos de gauche, plutôt écolos et partisans de la réutilisation et... du recyclage. Car à Evanston, on recyle. Et ses bennes à matières recyclables font l’envie des résidents des communes voisines et notamment des Chicagolais/-oens, dont certains, riverains des zones limitrophes, n’hésitent pas à prendre leur voiture pour se débarraser de leurs boîtes de lait, bouteilles vides, canettes, etc., dans les containers d’Evanston.

Car un des grands scandales à Chicago, c’est qu’on n’y pratique pas le recyclage domestique. En fait, seuls les immeubles résidentiels de plus d’un certain nombre d’unités sont tenus de payer les services d’une collecte privée (et apparemment ce n’est pas le cas du mien). L’explication qu’on m’a donnée, c’est que ça coûte trop cher. Et par-dessus le marché, les bouteilles et les canettes de bière (et autres breuvages) ne sont pas consignées en Illinois. Donc emballages de carton, papier, verre, plastique, aluminium, tout cela s’en va à la décharge...  Pour une ville comme Chicago, la Second City, c’est assez effarant. Mais il faut dire que la ville est en déroute budgétaire, tout comme l’Illinois, au bord de la cessation de paiement des retraites, alors le recyclage...

mercredi 8 décembre 2010

Chilly City

La windy city par -10° ça devient la chilly city ! C’était sympa en été d’attendre le bus ou le train tout en surfant sur le Net (sur mon iPod ou sur mon netbook), mais quand on se gèle les mains c’est un peu moins le fun. Et un petit détail m’avait échappé... Quand on attend le métro à Montréal (et on peut l’attendre longtemps!), au moins on est au chaud. Tandis qu’à part quelques stations enterrées au cente-ville, la plupart des stations du « L » sont évidemment en plein air, puisqu’il s’agit d’un métro aérien, comme son nom l’indique! (voir Transport en commun). Je vais donc devoir mieux planifier mes retours de l’université, car attendre le bus pendant 25 min par un froid glacial, no more, please!

lundi 6 décembre 2010

Chicagolais?

Ça fait plus de deux mois que je vous parle des Chicagoens. Samedi, en écoutant l’émission de radio La tête ailleurs sur les ondes de Radio-Canada (dont le thème était justement Chicago – j’y ai d’ailleurs appris plein de choses intéressantes), j’ai su que j’avais tout faux. On devrait, semble-t-il, appeler les habitants de Chicago, des Chicagolais, comme on dit « Congolais » et « Togolais ». Why not? J’ai aussitôt « gougueulé » le mot, pour m’apercevoir qu’en effet, il était en usage, sans être particulièrement répandu. Pour tout dire, le premier résultat sur la liste était le lien vers le blog d’un « confrère », compatriote français venu effectuer un stage de deux ans à Chicago et reparti depuis. J’ai trouvé intéressant de consulter ce carnet de route similaire au mien dans son esprit et d’ailleurs lui aussi locataire de la plateforme Blogger, et de comparer nos manières de faire. La première chose qui m’a frappée, c’est l’accent mis sur l’américanité de Chicago (par exemple, il est question du courant en 110 V), tandis que je pense avoir tendance à comparer Chicago avec d’autres villes d’Amérique du Nord, et à Montréal en particulier, pour en faire ressortir le caractère distinctif. D’ailleurs, je me redisais récemment que n’eût été mon acculturation nord-américaine préalable, je pense que l’adaptation (et l’intégration en cours) aurait été beaucoup moins aisée. Quoi qu’il en soit, j’aime l’idée d’un blog qui reprend là où l’autre s’arrête (avec quand même deux ans d’intervalle dans ce cas). Peut-être chercherai-je un autre « navigateur solitaire » pour me succéder à la barre de ce blog le moment venu!

Sur ce, je suis parti rejoindre Anabelle au Trap Door Theatre, pour assister à la dernière représentation de la création nord-américaine, en version anglaise, de la pièce Moi aussi, je suis Catherine Deneuve (du jeune auteur et artiste multidisciplinaire Pierre Notte), avant que la pièce ne poursuivre sa route à Atlanta, Washington, New York, et peut-être même... Paris! (on le lui souhaite) Comment ai-je atterri dans ce minuscule théâtre (45 places) plutôt underground de Bucktown, où tout est tellement informel que les comédiens accueillent eux-mêmes les spectateurs, et leur servent un verre de vin à la fin? Simplement parce qu’Anabelle a rencontré l’un des membres de la production, que j’appellerai Ben, au bar d’en face. Il parle un français impeccable et nous avons longuement discuté avant et après la pièce. Ben était aussi sceptique que moi à propos des « Chicagolais » ; lui aussi dit : « Chicagoens », et, dit-il, continuera de le faire. Comme c’était le dernier soir, ils ont servi un vin-fromages et nous avons fini la soirée à sabrer le champagne (américain) pour trinquer au succès de la pièce avec les comédiens. Et c’est sur scène que ces victuailles ont été servies, sur la table de la cuisine qui constituait l’essentiel du décor de la pièce, un huis-clos familial mêlant l’absurde et le tragique (ça m’a fait penser à du Beckett) qui se déroule justement dans une cuisine. Avec en plus, un piano, omniprésent comme la voix éthérée de l’une des comédiennes. Au point que l’on avait parfois l’impression d’être dans une comédie musicale. Très réussi, ce subtil mélange était rehaussé par la projection du texte en français des chansons originales, et l’on se surprenait à suivre les deux textes en parallèle, comme pour ne rien manquer de leur poésie.

Il était tard quand nous sommes sortis du théâtre: plus de bus et on était loin du L. Nous avons donc pris un taxi. Chacun le sien. Moi vers le Nord. Anabelle vers le Sud. Musique techno à fond, le chauffeur me parlait mais je comprenais un mot sur quatre, son accent y étant pour autant que la musique. Ça circule plus difficilement, les rues ne sont pas toutes déneigées. Car la neige a fini par tomber. Rien de bien méchant, 5 cm environ. Mais elle tient. (Voir la photo de ma cour.) Car comme me l’ont fait remarquer des amis hier, la double échelle de températures (Farenheit/Celsius) que j’ai épinglée derrière la porte de ma penderie ne me sert plus à grand-chose puisqu’elle ne va pas plus bas que -1°C et qu’on est descendu bien en-dessous aujourd’hui. 

jeudi 2 décembre 2010

En attendant la neige

Paris y a goûté. Montréal y a goûté. Ici on l’attend. Le sel est déjà épandu sur les trottoirs. Je peux vous dire que Chicago en novembre, par temps froid et venteux, et sous un ciel gris plomb, c'est aussi déprimant que Paris en novembre. Alors en attendant que la première tempête de neige s'abatte sur nous, j’ai mis en ligne quelques images de Chicago en été, histoire de nous réchauffer l’âme.

Il y a quelque temps j'ai accompagné Len à la première d'une comédie musicale. Il revenait des funérailles de sa mère à Madison, et je dois dire que je ne savais pas trop comment aborder cette soirée en sa compagnie. D’instinct, je l’ai laissé conduire la conversation en même temps que sa voiture, sur la route de la salle de spectacle, située en banlieue nord de Chicago, à Skokie. Cela vous donne déjà un indice qu'il ne s'agit pas d'une grosse production comme celles qui se donnent à « Broadway in Chicago », le quartier des spectacles au centre-ville. A Civil War Christmas de Paula Vogel, se passe à Washington durant la Guerre de Sécession. C’est une création récente, sans grande prétention, mais qui apporte un twist post-moderne au « conte de Noël ». Len avait obtenu les billets par le directeur musical et pianiste, un ami à lui. J'ai eu un brin de nostalgie du temps où je faisais partie d'un chœur, car j'ai chanté certains de ces airs de Noël britanniques (carols) formant l'ossature musicale de l'œuvre. Bien qu'écrite en 2006 et se passant en 1864, cette comédie douce-amère convient bien au contexte économique morose dans lequel se préparent les fêtes de Noël, omniprésentes déjà. On y voit notamment une First Lady sans le sou, épouse d'Abraham Lincoln (président emblématique de l'Illinois) déambulant dans les rues de la capitale en se lamentant de ne pouvoir offir à son mari un présent digne de ce nom, avant de jeter son dévolu sur un introuvable sapin. Ça me fait penser qu’il y a un arbre de Noël « officiel » à Chicago, place Daley, qu’Alejandro m’avait proposé d’aller voir, mais j’ai préféré passer mon tour. Samedi, ce sera du théâtre cette fois, avec Anabelle. La pièce s’intitule : Me too I am Catherine Deneuve. Je vous en donnerai des nouvelles!