mercredi 12 janvier 2011

Prise deux

Combien faut-il d'absences, et combien de retours, pour que chez soi devienne vraiment « chez soi » – home, comme on dit en anglais? Chaussures à la main (pour le bureau), j'attends comme un con un bus qui ne vient pas. L'horaire aurait-il changé le premier janvier? Quelque chose d'autre, d'indéfinissable dirait Barbara, a changé, presque imperceptiblement. Peut-être est-ce cette tache en plein milieu de mon parquet, certes vieux et usé, érodé, râclé, balafré par endroits mais tellement « vintage » qu'il était devenu l'emblème de cet appartement dont F. m'a fort justement fait remarqué que j'étais si fier. Morsure corrosive d'un chiffon sans doute laissé là, imprégné de solvant, par les ouvriers venus refaire l'émail de ma baignoire en mon absence.

Rien de tel qu'un verre au Sidetrack, puis un resto mexicain avec quelques amis américains pour retrouver mes marques en anglais, moi qui craignais d'être rouillé après quatre semaines de bain francophone. J'étais assez rouillé en tout cas pour avoir eu un surprenant trou de mémoire à l'aéroport de Montréal, quand l'employée au comptoir d'enregistrement m'a demandé mon adresse aux États-Unis. Je me rappelais la rue, le code postal, etc., mais pas moyen de me rappeler le numéro civique! C'est finalement l'employée qui a eu l'idée de vérifier l'étiquette que j'avais attachée à ma valise...

Après un transit par Toronto (somptueuse vue nocturne sur la mégapole à l'atterrissage), je suis rentré chez moi en métro et bus juste à temps pour éviter une tempête de neige qui aura duré près de vingt-quatre heures. Ce matin le couvert nuageux s'est enfin déchiré, laissant voir des lambeaux de ciel bleu et percer une lumière d'hiver qui fait de mon retour à l'université une petite fête.

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