jeudi 20 janvier 2011

Dégagement

Le ciel s'est enfin éclairci. Grand soleil et froid vif. Ici, quand il fait -10 avec un petit vent, les autorités lancent des alertes au froid extrême. C'est plutôt rassurant quand on y pense.

Je dois dire qu'auparavant, et depuis mon retour la semaine dernière, il a fait un temps exécrable à Chicago. Point culminant avant-hier avec de la bruine verglaçante toute la journée. Ça n'aide pas à « positiver ». Je sais que parfois, un problème somme toute pas si grave (si on le compare à d'autres coups durs qui peuvent briser une vie) peut prendre des proportions exagérées en particulier quand on est loin des siens, loin de sa base, et vous plomber carrément le moral. Vous vous rappelez le film Seul au monde, ce drame quand le naufragé incarné par Tom Hanks perd son ballon « Wilson » ? Son seul « ami » sur cette île déserte... C'était la fin du monde. Or j'ai quand même un gros avantage sur lui car, malgré la distance, mes amis, mes proches, sont là. Au moins sur Skype, ou encore sur MSN. Et bien sûr par courriel. (Mention spéciale à Skype toutefois, avec lequel la sensation de coprésence est de loin la plus poussée à mon avis, surtout quand la vidéo est activée.)

Quoi qu'il en soit, j'ai aussi retrouvé mes amis « locaux », et ce, dans les jours qui ont suivi mon retour, sans que ce soit vraiment forcé de ma part, mais j'avais besoin de reprendre contact rapidement. De reprendre aussi mes routines où je les avais laissées. Piscine, musculation avec Sergio (en attendant son départ imminent pour la Californie). Apnée hier soir avec Jeremy, une nouvelle recrue. Et bien sûr l'université, le travail, le projet de recherche qui tarde à décoller, les petites victoires quand un autre papier en anglais est accepté pour un congrès majeur, les études aussi en auditeur libre avec mon superviseur, qui anime un autre très intéressant séminaire ce semestre.

Il paraît que nous avons de la grande visite à Chicago aujourd'hui : rien de moins que le président de l'Empire du Milieu, Hu Jintao, qui vient voir une usine chinoise de pièces automobiles, sans doute accompagné par son homologue et révérencieux hôte, Barack Obama, en pleine remontée dans les sondages. Chicago où, d'après mon concierge (on l'appelle plutôt engineer, ingénieur... car il fait des réparations mineures), il est encore possible, crise oblige, d'acheter un appartement neuf pour 45 000$. Mais il faut – tenez-vous bien – débourser 300$ chez un dentiste pour le moindre plombage. D'ailleurs la première question qu'on m'a posée quand j'ai appelé un dentiste du centre-ville pour savoir s'il pouvait me prendre plus rapidement que l'autre, c'est : « Quelle assurance avez-vous ? ». Même les garages automobiles ne vous demandent pas ça! Ça explique aussi qu'il soit pratiquement impossible d'obtenir un rendez-vous à l'école dentaire de l'université. Pour rendre moins odieuse la sélection arbitraire des patients et sans doute éviter des files d'attentes dignes de pays sous-développés (et d'avoir à renvoyer tous ces gens chez eux faute de place), ils ont instauré un genre de loterie téléphonique, comme dans les concours à la radio ou à la télé. Après 40 minutes de tentatives infructeuses de joindre le standard pour décrocher un rendez-vous de triage (screening) pour la semaine suivante, j'ai jeté l'éponge. Il s'avère plus rentable pour moi de prendre l'avion pour aller me faire soigner à Montréal. C'est dingue quand on y pense. 

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