dimanche 6 mars 2011

Revenant

Il s'est passé un truc « énorme » jeudi. La secrétaire de mon département a reçu un appel de la Chicago Transit Authority (CTA): c’était le service des objets trouvés du garage de la rue Kedzie qui appelait pour dire qu’ils avaient mon laptop ! Quatre semaines jour pour jour après l'avoir perdu dans les circonstances rocambolesques que j’ai décrites, mais aussi après l’avoir déclaré perdu à ce même service. Je dois dire que je n'y croyais absolument pas, et j’ai fait le déplacement jusqu’au garage, dans le West Side, surtout par acquit de conscience. D’ailleurs, l’accueil sur place concordait tout à fait avec l’accueil téléphonique dont j’avais l’expérience. En arrivant à l’adresse indiquée au téléphone, je suis tombé sur une porte close. Me tournant vers une employée qui venait d’en sortir pour fumer une cigarette, je lui ai demandé comment je pouvais accéder au bâtiment. S’ensuit un dialogue surréaliste :
− The door is not closed.
− But I can’t open it !
− You need a key. You have it if you work here. 
− But... I don’t work here, I’m a customer.
− Yeah, I know... 

Sur ce, la jeune femme (noire comme la plupart des autres employés que j’aperçois) me montre les portes de garage immenses et grand ouvertes par lesquelles entrent les bus, mais, précise-t-elle, cet accès est strictement réservé au personnel. Une chance que j’avais gardé le numéro de téléphone sur moi ; je rappelle donc et on me dit d’entrer... par le garage justement. À l’intérieur, je tombe aussitôt sur une autre porte vitrée, elle aussi verrouillée. J’échange des signes avec un employé, qui fait signe à un chauffeur de bus de m’ouvrir. Je me retrouve devant ce qui ressemble à un parloir. Derrière la vitre, un homme d’âge mûr, l’air peu aimable et vaguement soupçonneux, s’étonne quand je lui dis que l’objet a été perdu quatre semaines auparavant. Il répète en appuyant sur les mots : « Four weeks ?! ». Quand il apprend qu’en plus il s’agit d’un ordinateur, il n’en revient pas, lève les yeux au ciel, me dit qu’il va vérifier puis disparaît.

Quelques minutes interminables s’écoulent, jusqu'à ce que l'employé me tende un étui poussiéreux. J’ai un doute, vite dissipé. Dans l’étui se trouvait mon netbook, tout à fait intact, avec la carte-mémoire et d’autres accessoires. J’étais éberlué. J’avais envie de poser des questions, de demander le pourquoi du comment, depuis combien de temps ils avaient mon ordinateur, qui l’avait rapporté, etc. Mais l’employé, expéditif et toujours aussi peu avenant, m’a tendu un registre à signer. Ce qui m’a frappé c’est que j’étais un des seuls signataires sur la page : à la place de la signature, les autres objets inscrits étaient suivis de la mention « DESTROYED »...

Pour tout indice sur ce qui est arrivé à ma machine, j’ai trouvé dans son étui une feuille où était imprimée ma page Web sur le site du département, avec des commentaires griffonnés dessus par l'employée de la CTA à qui j'avais parlé au téléphone, laissant deviner qu'elle avait tout simplement ouvert l'ordinateur (ses batteries encore chargées à 50% après 1 mois de veille !), vu s'afficher mon nom sur l’écran d’accueil (précaution que j’avais prise au cas où je l’aurais égaré dans une salle de conférence), tapé le nom dans Google, et qu'elle est tombée sur cette page. En fait ce que j'espérais dans les heures qui ont suivi la perte de l'appareil, mais plus du tout après quelques jours, encore moins plusieurs semaines ! Et le pire, c’est qu’ils avaient mes coordonnées et la description de l’objet quelque part dans leurs dossiers... C’est dire comme le service est bien organisé. Mais le plus miraculeux, c’est qu’il y a donc eu, dans cette histoire, toute une chaîne de gens honnêtes, un passager qui a confié l’ordinateur au chauffeur, lequel l’a rapporté au garage, etc. Le reste n’est que bureaucratie. Jusqu’à cette initiative d’une employée à qui je dois une fière chandelle... de même qu’à Google !

Quoiqu’il en soit, je retrouve ainsi, entre autres, toutes ces photos de Chicago que je croyais perdues. Attendez-vous à en voir plusieurs apparaître dans les prochains jours, histoire de fêter ça ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire