samedi 25 septembre 2010

Intro

Le quartier est étrangement silencieux pour un samedi soir. Pas de match des Cubs ni de concert au Wrigley Field. Les gradins sont vides, plongés dans le noir tandis que je longe le stade sur la rue Sheffield, jetant un regard au passage aux college boys and girls qui sirotent leur bière sur les marches de leur bloc et dont les éclats de voix constituent la seule animation de la rue à l'exception de ceux qui parviennent à percer les portes closes des bars. La ville porte bien son surnom de windy city ce soir. Cette frisquette soirée d'automne constraste singulièrement avec les deux journées de canicule (32°) qu'on a connues plus tôt dans la semaine. Je prends la rue Addison et je rejoins Clarke, où je retrouve la faune criarde de Wrigleyville. Je zieute l'intérieur des bars où s'étalent sur écran géant les casques bleus des footballeurs. À l'extérieur, des gars barraqués aux cheveux courts parlent fort et rigolent pendant que des filles pas frileuses tentent d'amadouer un doorman qui vérifie qu'elles ont bien 21 ans. Plus loin un car rempli de supporters des White Socks passe fenêtres ouvertes et les gens à l'intérieur scandent le nom de leur équipe favorite et exigent que je le scande avec eux. Je souris et je m'exécute. Je suis électrisé. Je me sens libre comme jamais.

Il y a un mois jour pour jour que j'ai débarqué à Chicago et j'ai trouvé qu'il était temps de me mettre à alimenter ce blog, sinon je sens que ce projet va rester lettre morte. Et puis c'est d'abord pour moi que je les écris, ces lignes. Pour garder une trace de ces moments (tiens j'entends encore une sirène, il faudra que je vous parle des sirènes assourdissante de Chicago, surtout la nuit), pour fixer ces instants où tout m'étonne encore, ce temps d'apprentissage et d'adaptation à ce nouvel environnement. Mon acclimatation à cette ville énorme, troisième d'Amérique, et qui pourtant semble si lointaine, si low profile ici, à Lakeview.

Un mois ça permet déjà de faire le point, d'avoir un semblant de recul. Vous allez dire que je me cherche des excuses et que c'est par pure procrastination que j'ai repoussé l'ouverture de ce blog. Pour ma défense je répondrai que j'ai toujours eu des réticences face à la pratique du blog. Au-delà de la question du dévoilement de soi, de l'impudeur, ce qui me pose le plus problème c'est l'idée de m'arrêter pour écrire ce que je vis, pour le partager. Car pendant que j'écris c'est comme si je mettais ma vie sur « pause » et à quoi bon? J'ai été marqué par cette phrase de Camus qui disait qu'il y a « un temps pour vivre, et un temps pour témoigner de vivre ». Peut-être qu'il est temps finalement que je témoigne. En tout cas, j'ai décidé de tenter l'expérience.

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