lundi 4 avril 2011

Revenir

Il y eut un aller et il y eut un retour. Assis face à l’immense baie vitrée, je cligne des yeux en contemplant le tarmac de l’aéroport de Toronto, réfléchissant un généreux soleil d’avril. Au loin, l’aiguille de la tour du CN se dresse dans le smog. Entre ici et là-bas, on dirait qu’il n’y a rien. Pour la première fois depuis des lustres j’ai ressenti cette vague angoisse en quittant le sol montréalais sans savoir quand je pourrais y revenir pour de bon, ce qui est passé à un cheveux d’être imminent. Il y a un nom pour ce pincement au ventre : la mélancolie de l’exil.

À part cela, rien à signaler ; les avions Bombardier CRA/CRJ de 50 places d’Air Canada n’ont plus de secret pour moi. Je demande toujours un siège dans la rangée D, à droite du couloir, et si je ne l’obtiens pas, j’embarque dans les derniers pour choisir une place libre où j’aurai deux sièges pour moi tout seul. Sitôt installé je démarre le système vidéo pour que la page de publicité imposée soit déjà passée quand, une fois les consignes de sécurité diffusées, le système se réinitialisera. Absorbé dans Le Discours du roi en v.o., je néglige de regarder le skyline de Chicago passer sur ma gauche, en arrivant du lac, comme ces avions que je regarde passer au Nord et qui semblent si proches, assis sur les gradins de ciment, face au lac infini.

Quand on débarque au terminal 2 de l'aéroport O'Hare, on a presque l’impression d’être au « terminus Voyageur », la gare routière de Montréal. Les gens attendent le prochain avion. Pas de douane (on l’a déjà franchie au Canada, petite incongruité qui en dit long sur l’inféodation de ce pays à son puissant voisin). On descend un escalator, la valise nous attend déjà. Un autre escalator et on se retrouve dans un long corridor qui aboutit à la station de métro. De chaque côté, deux tapis roulants à l’arrêt, dont l’accès est condamné et sur lesquels, le matin, on trouve des sans-abri encore endormis. À quelques pas de là, l’entrée du Hilton.

Dans le métro en face de moi un mec au look gangsta, avec des lunettes de soleil Ray-Ban, fredonne dans son cellulaire. Il fait encore clair quand je descends à la station Addison-Blue. L'air est doux. Ça sent le printemps. Un panneau indique que le stade des Cubs, Wrigley Field, se trouve à 3 miles vers l’Est. En marchant, je mettrais une bonne heure pour me rendre chez moi.

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